Mon histoire avec cette pièce a mal commencé : elle ne comporte aucun signe de mensuration, j'ai donc tenté une transcription binaire... en vain ! Le tenor est alors trop court et dissonnant ; métriquement, il faut donc supposer le tempus perfectum pour faire sonner les deux parties correctement.

Et pourtant les choses ne sont pas aussi simples : voici les commentaires d'Olga Bluteau sur cette pièce, reproduits avec son aimable autorisation.

Première surprise : musicalement, la pièce est pourtant d'une carrure manifestement binaire !

Le cantus, est noté pour l'essentiel en clé d'Ut première ligne, mais il passe pour quelques instants en clé de Sol, pour lui permettre de monter jusqu'au Fa sans ligne supplémentaire. Il descend jusqu'au Sib sous la clé d'Ut, d'où un ambitus de douzième ! C'est inhabituel pour une partie vocale à cette époque, s'agissant, de plus, du cantus ; une telle étendue se rencontrait plutôt pour un contratenor, écrit souvent comme une partie de "remplissage".

Si le tenor est noté dans la clé d'Ut cinquième ligne, au lieu de l'habituelle Ut quatrième, c'est sans doute parce qu'il descend jusqu'au Sib ! En revanche son étendue reste raisonnable, puisqu'il s'arrête au Do supérieur de la clé.
La clé d'Ut cinquième, déjà rare, disparaîtra pratiquement dès le début du seizième ; elle est remplacée alors par celle de Fa troisième ligne - la clé des barytons.

Les notes et le texte sont d'une extraordinaire clarté ! Malgré cela, j'ai préféré faire appel à Olga pour une reproduction fidèle des paroles, grâce à son expérience de l'ancien Français qui me fait défaut. Voici donc ce qu'elle m'a envoyé (elle a respecté l'orthographe originale) :
Nivelle détail



Se je demeure despourveue
Et de douleur tant abatue
C'est ma dolente destinee
Qui ma a ceste loy menee
Qua jamais suis de tous biens nue

Car sur ma foy de dueil me tue
Quant ie pense que fus tenue
La plus eureuse qui fust nee
Et je me voy si fortunee
Que ceste grace jay perdue

Se je demeure [...]


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